Pas de traces visibles de villa romaine mais le village de Millery était traversé par deux grandes voies romaines de circulation. La première reliait Lugdunum à Narbonne en passant par Vienne et la seconde appelée “Strata publica” ou “Strata viennensis” reliait le Forez à la province viennoise. Ces deux voies se croisaient approximativement à la croix Maladière. Une borne milliaire* remarquable devait marquer le croisement de ces deux voies. Millery signifie donc “lieu du milliaire”
*Milliaire : Ancêtre de nos bornes kilométriques, elles étaient érigées le long des routes romaines. Leur fonction était de numéroter la route de mille pas en mille pas et de fournir ainsi les renseignements indispensables aux voyageurs et aux troupes militaires.
A Grigny se trouve une abbaye bénédictine prospère (fondation de l’ordre au Mont Cassin en 529) dont les moines évangélisent les alentours aidés de prêtres envoyés du Chapitre de Lyon (église Saint-Étienne). En rétribution, les ecclésiastiques perçoivent la dîme et doivent se partager le territoire : celui de Grigny englobe le hameau de la Valois et toute la partie sud et ouest du village actuel tandis que le chapitre de Lyon perçoit les fruits sur le reste des terres millerottes. De nombreuses disputes et procès en résultent durant les XVIe et XVIIe siècles.
Le Chapitre de Lyon rassemble en collège un nombre variable de frères connus sous la dénomination de « Frères de Saint-Étienne ». Il reçoit en don de nombreuse terres et devient puissant jusqu’à pouvoir affronter le Comte du Forez dont dépendent les territoires du Lyonnais. Celui-ci abandonne le Lyonnais au Chapitre et les frères, maintenant autonomes, peuvent prendre le titre de “Comtes de Lyon” en 1173. Les terres sont réparties en “obéances” c’est-à-dire qu’à la tête de chacune d’elles se trouve un chanoine lié à l’archevêque par l’obéissance. Le Chapitre de Lyon est donc le curé primitif de Millery et perçoit les dîmes des territoires alloués lors du partage avec Grigny.
Le Lyonnais n’est intégré au royaume qu’en 1312. (Philippe le Bel)
Parallèlement, à partir de 877, sont institués par les rois francs des fiefs remis à des seigneurs feudataires qui engagent leur foi. Une hiérarchie simple est créée : au sommet, le roi ; au bas de l’échelle, l’écuyer et entre eux, le chevalier baron. Ces territoires (ou ager) ont à leur tête un baron qui peut reconnaître le suzerain de son choix. Le détenteur de l’ager de Goiffieu (à peu près Montagny-Millery) choisit le comte du Forez pour ne pas appartenir à l’archevêque. Finalement, le Forez rejoint le royaume en 1523 par confiscation des possessions du connétable Charles de Bourbon (pour trahison durant les guerres d’Italie) et par conséquent, Montagny également. Il s’intitule « 1er baron du Lyonnais » dès le XIIIe siècle malgré les protestations de Saint-Chamond. Le premier Montagny connu est un Roland dont on trouve trace en 1031.
Millery devient la résidence des Montagny à la fin du XVIe siècle, conséquence des guerres de religion, le château fortifié de Montagny étant inhabitable. Les cultivateurs-vignerons de Millery prospèrent en produisant du vin de très bonne qualité dont la renommée atteint Lyon, la cour royale itinérante du XVIe siècle, plus tard celle de Louis XIV, dit-on, et enfin l’Angleterre au XVIIIe siècle.
En 1789, on dénombre plus de 1600 millerots et le village, plus important que Givors, est chef lieu de canton.
L’industrialisation prend le pas au XIXe siècle et Millery qui reste agricole, s’accroche à son savoir-faire, la culture de la vigne. Le phylloxéra de la seconde partie du XIXe siècle qui décime les plants, oblige les habitants à une diversification : plantation de nouvelles vignes que l’ont fait venir d’Amérique (la maladie ne s’est pas développée outre-atlantique) et essais concluants d’arbres fruitiers ; certains, à force de sélection, élèvent des brebis, la race de Millery. La production de vin reste cependant la principale source de revenus et les débouchés principaux sont la Vallée du Gier et la ville de Saint-Étienne : la ration quotidienne du mineur est d’environ 6 litres. C’est alors un « petit vin » d’un degré faible dont les quantités priment sur la qualité. Plus tard, en 1984, la qualité des vins millerots est à nouveau reconnues grâce à l’obtention de l’AOC « Coteaux du lyonnais ». Depuis les années 60, la commune supporte une intense activité d’extraction de sable et de graviers qui, avec le fort développement de l’arboriculture fruitière et l’exploitation viticole marquent les paysages de Millery.
La physionomie du village résulte d’une évolution lente. A la fin du Moyen Age, des maisons étroites se serrent autour de l’église. Ce « bourg » central est entouré de petits hameaux satellites qui au cours des trois siècles suivants vont être reliés au centre par la construction discontinue de maisons d’habitation de plus en plus spacieuses. L’explosion de l’habitat pavillonnaire, dans les années 70, a fortement modifié la silhouette compacte de l’ancien bourg juché en “sentinelle” dans l’écrin de leur enclos et de leurs cultures
Merci à Mme Déaux de l’association Patrimoine et Traditions pour ces informations.
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